MONSIEUR PAUL (Histoire vraie, Thonon les Bains, le 21 Janvier 2015)
Monsieur, pourquoi cette rue, ce trottoir ?
Ce curieux endroit voulu par le hasard
Epuisé, saisi de froid, au bout de votre âge
Assis, le souffle confisqué comme en cage
Vous attendiez blème, la goutte au nez
Où iraient cette fois-ci encore retomber
Sur le tapis des jeux du sort de notre intime
Les dés de votre vie ou ceux de vos abîmes
A trois rues, Paul, vous êtes notre voisin
Votre sac est trop lourd, prenez nous la main
Attendez, je cours, vous n'en pouvez plus
Chercher la bagnole et on en parle plus
Vous êtes donc seul, et ces putains d'escaliers
Finissent au troisième à l'extérieur, pas idée
De faire aussi casse-gueule, de faire aussi con
Agenceurs de mes deux, oui c'est ça, entrons...
Attendez, attendez Paul, il ne faut pas pleurer
Moi, çà me renverse de découvrir votre vérité
Votre femme placée loin depuis des mois
Et son absence devenue le quotidien de votre effroi
Vos enfants à l'étranger insoupçonné de vos misères
Et de sentir, combien ce coeur usé maintenant vous serre..
Un appel à votre médecin, un traitement oublié
Voilà, nous sommes allés à la phamarcie d'à côté
Au revoir, Paul, nous avons fait ici ce qu'il fallait , je crois
Ce minimum, pour se vouloir comme il se doit
Humains au milieu des hommes de notre temps
Mais moi, Paul, pendant encore longtemps
Je vais revoir dans mes nuits, tes larmes couler
Putain, mon vieux Paul, je sais bien que la scéne est passée
Mais dans une autre fin plus embellie à mon avantage, je t'ai embrassé...
Polycarpe.