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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
1 avril 2016

PHILAE, CHIENNE DE VIE A L'ELYSEE ( votre feuilleton n°1)

                                          

COUVERTURE 1ER AVRIL

 

                                                                                                            

            

A René, mon modeste et généreux, papa …

 

« Presque rien n’est stable, et voici, tout près, le gouffre infini du passé et de l’avenir où tout s’évanouit… »

(Marc Aurèle)

 

Avertissement sans frais (de justice) :

« Le récit, les anecdotes et les faits non repris, ni recyclés, ne provenant pas des sources sérieuses et incontournables (comme: Voici, Closer, Gala, Potins-net et autres indiscrets) sont dans cet ouvrage, le seul et même marketing produit. Celui déballé d’une pure fiction émanant d’un simple cerveau animal reptilien qui remue la queue en ne souhaitant rien d’autre qu’à vous surprendre et à vous amuser. Les photos  proviennent exclusivement ( sauf une) de Wikimédia Commons »

(Christian Cornier)

 

Les invasions barbares :

 

Un chien normal, moi ?

Non, assurément pas, t’es con ou quoi ?

Je suis, quatre pattes posées et la queue agitée façon ventilateur, tout le contraire. T’as compris espèces de bouffon ?

Pourtant, je n'ai jamais fait partie de la promotion Voltaire. Je n'ai point aussi davantage été éduqué dans aucun centre d'élevage prestigieux.

On ne me trouvera pas mieux sur la liste bien faite et cadenassée de thune d'une grande école, parmi d'autres bêtes à concours aux dents longues et acérées.

Celle des jeunes loups surdoués, parqués à Strasbourg, dans un chenil d'exception conçut pour la façonnage, ou disons-le mieux et sans muselière, pour le dressage de l'élite.                                 WIKI ENA STASBOURG.jpg

Cette fine fleur de l'embrouille qui elle même sera chargée, un jour de celle indispensable des masses qui pétouillent (dites aussi laborieuses pour ne pas dire « chieuses » qui constamment et trop, râlent en étant aussi difficiles à gouverner que des veaux comme jadis, s’en lamentait en général De Gaulle)

Aussi éloigné de la SPA que de l'ENA, je suis née, ici, par la chance parfois dévolue aussi aux canidés, dans la bonne race et sur le bon bord du côté du Saint Laurent.

Celui, arbitraire, reconnu digne de pouvoir côtoyer et de plaire, aux hommes biens mis et tardivement éduqués.

Mais dès le début de ma courte histoire, juste par jeu comme une première balle ramenée à tord et à travers au voisin du lanceur, revenons voir un peu en arrière.

Plus précisément le 5 Octobre 2014.

Ce jour-là, au milieu des huit pattes de mes parents Simba et Nicky prés du Labrador, j'arrive dans une couche feutrée, les yeux fermés à la place qui m'échoit dans la belle province de Montréal.

Chiot précoce, je suis aussitôt entre deux tétées, catalogué véloce et très joueuse.

Je n'aime rien de plus dans cette nouvelle vie qui m'accueille que de tirer la pipe à tout le monde (selon notre expression Québécoise, elle propre et spécifique, à cinq mille kilomètres prés de la vôtre et du Bois de Boulogne)

Le jeu m’occupe. La farce m’emplit et me réjouit.

Je saute. Je tourne. Je pisse sur les fourmis,les pantoufles.

Je mords des cousins, des coussins, des branches, des prises en courant toujours vivement. Survoltée, je vais et je viens alternativement en avant ou en arrière de partout.

Tout ce qui passe devant ma truffe humide, je le dérange en n'en faisant rien qu'à ma guise. Il faut bien en passer par là, soupirent mes géniteurs. Le jeu formate aussi le début de la vie du chien.

Avant les tombées de la neige, les vieux maîtres de mes parents, nous emmènent nous promener dans les immenses et belles forêts des Laurentines.

WIKI AUTOMNE QUEBEC

Les ombrageux sentiers semblent infinies, de senteurs, de longueurs et de parfaites harmonies.

Une variété de lacs au loin, des nuages qui gomment le ciel. Nous avons tous la puissante sensation d'entrer sur la pointe des pieds comme dans une nature sauvage huilée de Marc Aurèle Fortin.

Champlain_explore_le_site_de_Montréal_en_1603_-_Marc-Aurèle_Fortin

Les teintes mordorées d'automne sont dégradées de bas en haut comme des invitations dernières accordées à retenir encore de l'aquarelle beauté de ce monde en sursis.

WIKI LAURENTINES

Les feuillages rubescents, les breuils mordorés, la pâleur jauni, le roux projeté comme des grappes sur les flans des houppiers, les oiseaux surpris qui fendent la toile de cette félicité, la lente et folle descente végétale des mains légères et retournées par le vent qui se posent en mille touches de hasard sur un sol las déguisé de couleur... où dieu ailleurs qu'ici (et aussi dans cette longue phrase improbable) pourrait-il aussi bien exister ?

Où dieu... et parmi nous promeneurs, pourrait-il, tellement mieux se confondre, s'effacer ?

Si ce n'est en ces lieux bordés de baumiers ou d'épinettes noires, arrivés aujourd'hui à la fin des ombres de l'automne, au début de ma vie de jeune chienne, dans les profondeurs sombres d'un trou planqué au coeur de cette forêt.

Etouffés, lointains, ou bruissants là, à nos côtés ou derrière les érables ou un mur de lierre, la vie animale semble grouiller de mille espèces.

La multiplicité de ces manifestations de vie dans mon jeune destin animé, me rend un brin dingo.

Des pattes par mille avancent ou reculent.

Six forficules se pincent entre elles, puis cent rangs reculent sauvagement à tord et à l'envers.

Une kyrielle de tarentules autour s'agrippent comme autant de visqueuses virgules.

Des mandibules de toutes tailles et modèles, déchiquettent allègrement la membrane pleurale d'un coléoptère « Carabidea » bariolé.

WIKI SCARABEE

649px-Scathophaga_stercoraria_(2)

Des milliers de petites bêtes centipèdes combattent en retraite. Elles s'en vont, puis font et refont une attaque dans un foutoir gargouillis bien délirant et infini.

Un putois qui refoule, un vieil écureuil qui touche des noisettes avec intérêt. Une soupe blanche diarrhée tombée du ciel et qui fouette, des vers qui se terrent, solitaires.

Et tous ces autres insectes velus, paraproctes gonflés derrière et qui sans aucune sommation, ces mufles, bombardent de leurs fientes : la mousse, les tapis de bruyère, jusqu'à ma truffe enfouit dans la lisière.

Je m'étourdis de sensation, de ressenti d'odeurs infinies. Putain c’est beau la la vie, comme chantait Ferrat ou Arnaud, la vie c'est trop !

Heureusement que mes parents ne lisent pas dans mes pensées, car sinon un méchant coup de dents et mon vieux y m'aurait vite appris à penser plus poli, et à mieux m'exprimer.

 

( la suite vendredi prochain )

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