Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
Archives
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
25 juin 2016

PHILAE, Chienne de vie à l'Elysée ( votre feuilleton post-présidentielles N° 13 )

 

 

« Presque rien n’est stable, et voici, tout près, le gouffre infini du passé et de l’avenir où tout s’évanouit… »

(Marc Aurèle)

 

Je me suis allongée derrière la porte.

Il était minuit… et… et derrière celle-ci, au milieu d’un énorme fou rire partagé, je crois avoir entendu dans le sein de la volupté :

 « Et çà, Valérie, je suis sûr qu’elle connaissait pas »

Le_Temple_de_Lakshmana_(Khajurâho)_(8498177327)

Et après ?

Le doigt, la main, le bras…

Oui, comme dit le dicton : on vous les donne sans apriori et vous, vous en voulez toujours plus chaque fois.`

Alors halte-là sur la pente !

Ou peut être encore un peu vers la fin… mais c’est bien uniquement pour espérer (il en va de ma vie littéraire de chien) ne pas faire sur la toile, le même nombre de lecteurs que  Claude Bartolone et Christine Boutin, réunis en librairie.

La nuit sans rien d’autre que des ronflements saccadés, aura passée.

Très tôt sur le matin, mon maître qui est en bedaine ( oh pardon ! encore des restants de mon vocabulaire québécois…) François, qui est donc en bon français torse nu, rejoint précipitamment son cabinet.

Une nouvelle journée commence en ce palais.

Julie a disparue discrètement entre je ne sais quelles portes.

Voici, Jean-Benoit, avec sa vue basse et son air de ne pas avoir tout reçu lors des distributions, qui vient à ma rencontre.

François, mon maître, l’apostrophe avec un grand sourire :

- Dites-voir,jeune homme… C’est comment votre prénom, déjà ?

- Heu-moi, Jean-Benoit !

- Oui, Jean-Benoit. Après en avoir discuté avec mes proches, je souhaiterais que petit à petit, vous laissiez plus de liberté à Philaé. Voilà, il faudrait, il serait bien… mieux… qu’après l’apprentissage nécessaire en votre compagnie, qu’elle devienne plus autonome. Le but étant de supprimer la laisse, afin qu’elle se promène seule, à son gré, parmi, nous.

Vous avez compris, Jean-Benoit ?

- Ben oui, monsieur le président, acquiesce Jean-Benoit, devenu entre-temps rouge pivoine.

Et ce dégourdi, me tire sans ménagement, derrière lui.

Descendu dans les jardins, toute de suite, et sans aucune recommandations, il me laisse aller.

Mal lui en prend.

Moi, ce matin, j’ai une pêche de lévrier afghan, une envie de courir comme une folle, de faire des trous de partout comme un fox-Terrier.

Jardin_palais_Élysée_depuis_Salon_Doré

Aussi, une envie d’arroser tous les rosiers et de faire au besoin une crotte au milieu des massifs de jasmin, en aboyant sur tous ces pantins fonctionnaires au loin, qui ne s’agitent pas assez pour la présidence… pour la France !

Jean-Benoit, défait, s’égosille de sa voix de castrat partiellement opéré :

- Philaé, revient, Philaé ici, vient !

Moi, pour seule réponse j’abois à la liberté…

Aboyer à, aboyer sur, aboyer contre…

1280px-Pierre_Desproges17

Comme disait le regretté Desproges, si on devait compter tous ceux qui utilisent la bonne préposition quand ils aboient, il n’y aurait sans doute plus un chat…

Les dégâts semblent importants. Un jardinier, avec une grosse bouille ronde, arrive en courant.

Il se présente : - Yannick Cadet.

Je crois qu’il tire la gueule.

- Dis-donc, toi le lapin de huit semaines, c’est quoi ce « souk » ce matin avec ton chien, çà vous amuse ?

Comme à l’accoutumé Jean-Benoit, bredouille. Il bafouille, en se laissant entrainer, la peur aidant, à dire de grosses conneries qui ont le don de passablement énerver son vis à vis.

Je me sens comme par un devoir au plus faible, de venir en aide à mon compagnon.

Je montre les dents. Je grogne en fixant le crotté des champs et des prés de l’Elysée, un brin arrogant.

Le bêcheur de massifs est rouge de colère, surtout après la dernière phrase de Jean-Benoit, comme soudain libéré par mes mouvements de mâchoire.

- Vous allez pas nous faire un fromage, pour un trou et une crotte. Vous mettez la merde dans le trou, et un oignon par dessus… Ni vu, ni connu et une belle fleur sortira cet automne !

Le Yannick, il se maitrise plus. Il prend Jean-Benoit, par le col en le secouant comme un prunier.

S’en est trop pour moi. La retenue, c’est une qualité qui n’est guère à mon usage. Jean-Benoit, tout ce qu’on veut, c’est un maladroit, un pas fini, mais il n’est pas méchant.

Alors sans réfléchir davantage, le Cadet, je lui chope le mollet gauche.

Je maitrise. Je ne mords pas vraiment. Je pince entres mes incisives.

Je relâche. Après avoir pris un peu de recul, les pattes arrières bien cambrées, je le fixe toujours en le menaçant.

Il s’éloigne en courant.Il revient lentement avec un râteau.

- Oui, allo, venez tout de suite. Il y a un problème…

Il a téléphoné à qui, mon dégourdi ? Je n’ai pas tout suivi.

Le jardinier bras tendu arrive à notre hauteur. Un sportif déboule derrière lui au pas de course. Il hurle :

- On arrête. On arrête tout. On se calme ! Puis reprenant son souffle, il poursuit :

- Non, mais çà va la tête, tous les deux. Vous n’êtes pas au Bois de Vincennes.

Le jardinier fou de rage, balance violemment son outil à terre.

Un doigt sur son oreille droite habillée d’une oreillette, notre arbitre de touche, marque un léger temps d’arrêt. Il s’arrête. Il demande à Jean-Benoit et à moi, de bien vouloir le suivre.

 

( la suite vendredi est-elle nécessaire ?)

Publicité
Commentaires
Publicité