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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
22 juillet 2016

PHILAE, Chienne de vie à l'Elysée ( votre feuilleton post-présidentielle N° 17)

 

« Presque rien n’est stable, et voici, tout près, le gouffre infini du passé et de l’avenir où tout s’évanouit… »

(Marc Aurèle)

 

Un après midi de chien :

 

 Ainsi les jours, les mois passent. La compagne de cinéma de mon maitre est de plus en plus présente parmi nous, le soir venu ou en fin de semaine à la Lanterne.

Elle a même fait entreprendre des travaux de décoration dans les appartements privés.

Elle possède indéniablement un goût certain pour cet art.

Celui-ci sans doute venu de sa maman Anne, qui tient rive gauche, un magasin d’antiquité courus par le Tout Paris.

Les rideaux sont coûteusement changés. Pour le reste, elle puise dans les réserves du mobilier national, pour tenter d’imprimer à ses lieux d’intimité, sa touche personnelle.

Des langues de putes, disent même dans les couloirs du palais que sa mère serait devenue un fournisseur régulier de l’état dans l’aménagement artistique de l’aile privée du couple…

Que faire contre la médisance ? Rien car elle est toujours diffuse, insaisissable. Les puissants qui n’auront pas su se faire une armure d’intégrité, se rendent compte toujours trop tard de l’étendue de ses dégâts…

300px-Minerva_onyx_Louvre_Ma2225

C’est la « chouette de Minerve qui se lève au crépuscule » Bon nombre des anciens présidents ont été un jour défait, faute de n’avoir pas saisi à certains moments, ce qui se passait véritablement dans leur royaume.

Les jours ont des longueurs. Les semaines et les mois, m’insinuent lentement des langueurs dans les vides de ma boîte crânienne. Je m’abime dans mes pensées.

Cependant une nouveauté dans cette vie que l’on m’a, à l’excès trop organisée : le toilettage hebdomadaire.

En effet, tous les jeudis, Jean-Benoit m’emmène dans un lieu discret auprès d’un professionnel. C’est monsieur Albert qui s’occupait en son temps des soins du Yorkshire, d’un certain Aquino Morelle.

AKINO

Shampoings à la vanille, séchage à l’air pulsé, friction complète avec une lotion anti-parasitaires parfumée, coupes de mes griffes, je suis totalement prise en charge une heure durant comme une mannequin de chez Elite Mode Management.

Aquino Morelle… j’ai appris depuis, que ce conseiller (affublé dans les couloirs de l’Elysée du surnom de petit marquis) avait fait synchroniser chaque semaine dans des salons attenants deux services aux frais de l’état :

* les cirages réguliers de ses souliers de cuir glacé par un certain Yves Ysebaert, artisan cireur.

* avec les soins esthétiques de son ridicule roquet, dispensés comme pour moi depuis peu, par Bébert.

Où se trouve la vie réelle en ce palais ? Où sommes-nous, où suis-je vraiment ici ? dans cette monarchie républicaine, véritable vestige et anachronisme sous perfusion à l’heure de la mondialisation…

Même s’il parait à certain qu’il se joue ici le destin de la France, cette existence réglée au cordeau, finit à la longue par m’emmerder.

Je sais pas quoi faire. Qu’est-ce que je peux faire ? à l’Elysée.

 Ma vie est froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l’ennui, araignée silencieuse, file sa toile dans l’ombre à tous les coins de mon coeur.

Toutes ces choses entendues de ci-delà, en petites apartés, toutes ces calomnies, ces chausse-trappes fomentés en petit comité à deux à trois, toutes ces rumeurs relayées, amplifiées, tous ces sourires de Judas, ces fausses poignées de mains dégainées, ces bisous aux femmes régulièrement condamnées, toute cette jalousie ambiante, ces égos surdimensionnés, toute cette boue inhérente à l’ambition humaine sans cesse alimentée dans les allées du pouvoir, comme vous avec les phrases à rallonges...je n’en puis plus.

Trop, c’est trop !

Devant un animal tout serait donc ainsi permis ?

Et lui prisonnier en passant de groupe en groupe ou de l’un à l’autre serait le réceptacle obligé de tous vos mensonges, de toutes vos saloperies...

Les hommes sont au sommet de la grande chaine des prédations.

Merci, ou plutôt merde, çà suffit !

Alors pour moi à ce stade venu, et pour ne pas devenir comme eux, le temps d’un aveu s’impose: le début de ce chapitre n’est pas de moi…

J’ai réfléchi, car la honte, cette inconnue pour eux, m’attendait moi Philaé, peut être au tournant.

Va, pour les lectrices ou les lecteurs d’Harlequin. Mon imposture littéraire pouvait passer.

Même un grand producteur de soupes comme Morandini, n’y aurait sans doute vu que du feu…

MORANDINI

Mais imagine Philaé, les amateurs éclairés, les vrais amoureux des lettres, les érudits.

Tiens ! Au hasard, le plus grand d’entre eux : Attali, l’esprit toujours vif, jamais à court d’idées et de concepts, et toujours bien du côté du manche depuis des décennies.

428px-Jacques_Attali

Jacques, l’élégant Jacques, avec ses costards de chez Samlto et ses cols Mao... lui, le plagiat du premier coup d’oeil, dès les premiers mots, il l’aurait repéré comme un procureur spécialiste en carambouille littéraire.

Et je n’ose pas imaginer sa virulence à me dénoncer dans tous les médias, pour ce sacrilège d’avoir emprunté les pensées d’Emma Bovary.

Ma faute avouée, qu’il me soit pardonné parmi tous mes maux, cette tentation du vol pour approcher l’absolue beauté.

Je parle bien entendu de celle des livres, de ces phrases composées dans la parfaite musique des mots et qui perdurent dans le temps de la fabuleuse histoire universelle des lettres.

J’écris comme un chien soit, et Gustave, est un roi, un vrai génie.

800px-Flaubert-Giraud

Et pour vous, les « peoples », les célébrités démasquées pompeuses régulières, en guise de pénitence, la fameuse parole d’évangile de Luc.

Je vous en donne le début, et je l’espère ainsi, reviendra-t’elle dans vos mémoires :

« Pourquoi vois-tu la paille dans l’oeil de ton frère ?… Et la suite…? » Ben, à copier comme d’habitude sur internet…

 Je ne sais pas si au tout profond et secret de son être, mon maître pense comme sa chienne envers sa nouvelle compagne Julie.

Pour, moi elle aura toujours été un être précieux, nécessaire pour importer dans ces lieux un peu de fraicheur, d’anti-conformiste dans ce monde trop bien ficelé par les règles protocolaires.

Qui, m’a fait aménager une niche-bobo tout équipée ?

Qui, c’est un jour inquiété de mon éducation canine ?

Qui a rompu un soir sur cinq, la monotonie de mes repas gastronomiques, en obtenant pour mon écuelle d’argent, une langue de boeuf, du tripoux, ou un vrai pot au feu (avec un délicieux os à moelle, que je planque depuis derrière ma couche) ?

Qui, organise des fêtes, des repas, pendant lequel nous pouvons faire maigre, des toutes ces gueules de carême, de tous ces cireurs de pompe, de tous ces parvenus, tous ces arrivés enchantés, d’être reçu à L’Elysée ?

Julie_Gayet_2009

C’est Madame Gayet, ma maîtresse… et en cette fin de journée pluvieuse, ma tête reposant sur ses genoux, elle m’annonce une petite réception, avec des personnalités du septième art, pour demain soir.

 

( la suite, rien ne l'empêche...vendredi prochain)

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