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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
1 mai 2020

La stratégie des dominants

Voici, un texte bien construit et bien pertinent, qui m'a été adressé, ce matin ( anonymement ) par un certain J...( comme Giscard ?... non plutôt comme... Jaurés, voir... et pourquoi pas, par un Jésuite...) et que je trouve du plus éclairant...

Polycarpe ( Christian Cornier )

63164

 

La stratégie des dominants ou comment jouer au con finement...

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Alors pour ceux qui seraient surpris en découvrant le titre de ma chronique...

Qui trouverait mal venu de parler de finesse dans ce monde de brute et incroyablement idiot d’attribuer ce qualificatif à nos élites, qui semblent se disqualifier toujours un peu plus à chaque interventions télévisées...

Et bien,  je voudrais dire en préambule... ne soyons pas crédules !!!

Le prétendu amateurisme du gouvernement dans l’anticipation et la gestion de crise du COVID 19,  où nos soignants sont dès le départ à court de masque et de gel hydro-alcoolique alors qu’on a des stocks entiers de lacrymo, de LBD et maintenant de drones… Ou l’apparente bêtise des ministres, des éditorialistes ou des préfets zélés… Ou bien la polémique sur la chloroquine, suivi de la visite surprise du président à Marseille ou encore plus énorme l’annonce de fermeture de lit en pleine crise sanitaire…

Et bien tout ça, c’est du storytelling

Alors pour ceux, qui ignorent ce qu'est le storytelling, c'est les petites histoires que nous raconte les dominants : via les médias afin de détourner notre attention de ce qui est réellement important… 

 C’est donc, un puissant outil de propagande permettant de justifier tout et surtout n’importe quoi, comme la privatisation des retraites, de l’éducation et de la santé... 

Par exemple : quand on passe nos journées à partager les dernières prétendues bourdes de Sibeth : qui ne l'est sûrement pas tant : ou du préfet Lalemant, qui l'est peut-être infiniment : on mobilise moins de temps pour dénoncer la déconstruction décomplexée du droits du travail : et de nos libertés fondamentales. 

Un autre technique très utilisée en management est l’injonction paradoxale qui rend impossible la réalisation complètes des objectifs et qui à but pour de culpabiliser celui qui se trouve en difficultés pour les réaliser… Par exemple si je vous dit rester confiner, mais en même temps d’aller voter et d'aller travailler et bien,  je pourrais toujours vous dire que vous avez mal suivi les consignes et que vous êtes entièrement responsable si un problème survient… 

Franchement, la communication des dominants est aussi bien ficelée qu’une démarche qualité,  et en la matière, ils osent tout. 

Ainsi notre président peut dire aux français : "Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché" et en même temps,  demander un rapport à la caisse des dépôts qui vise, comme l’a révélé Mediapart,  à accélérer la marchandisation de la santé et donc à affaiblir encore plus l’hôpital publique.

Ces écrans de fumée repris en continu par les journalistes,  nous empêche de nous poser la seule question intéressante à savoir : “A qui profite la crise ?”  A votre avis, aux travailleurs mis en danger en premières lignes, aux précaires qui statistiquement meurent plus du coronavirus où aux dominants qui privatisent les profit et mutualisent les pertes ? 

 Car ce que révèle cette crise, c’est avant tout,  les terrifiantes inégalités sociales dans notre pays en terme de logement, de fracture numérique mais aussi et surtout en terme de survie… Statistiquemen, aux Etats unis comme en France,  les plus pauvres sont plus touchés par les formes graves.

Et la finesse des dominants, c’est de savoir profiter du choc induit par cette crise planétaire pour accélérer les réformes ultra-libérales et au passage, s’exonérer de leurs conneries, car ils en font, et surtout de réussir, à les faire payer par ceux, qui en sont les premières victimes…

Si vous pensez les dominants réellement bêtes, croyez moi vous avez un coup de retard…

En quelques mois, ils ont imposé des lois scélérates, testé à grande échelle,  le télétravail, la télé-consultation et bien entendu, la télé éducation et même,  préparé l’opinion au tacking…

Mais surtout,  ils mettent la pression sur l’exécutif pour que le plus rapidement possible tout redevienne comme avant... C’est à dire recommencer à polluer un maximum et creuser encore toujours plus les inégalités entre dominants et dominés.

Et pour éclairer mon propos, il peut être intéressant de rappeler que lors du premier défilé du 1er mai, qui s’est déroulé au printemps 1890, les manifestants avaient décidés de porter sur leur poitrine un triangle rouge symbolisant les trois-huits (8h de travail, 8h de sommeil, 8h de loisirs) 

Puis rapidement, pour revendiquer des semaines de 48h maximum, les ouvriers avaient décidé d'abandonner le triangle au profit d'une églantine rouge portée à la boutonnière. Alors pourquoi l’églantine rouge me direz vous ? ...et ben simplement, parce que cette fleur est très répandue dans le nord de la France, où s'est déroulé le drame de Fourmies, lors de la seconde manifestation du 1er Mai, car pour l’acte 2, la police était préparée. 

 C'est donc en mémoire des neufs ouvriers tués ce jour-là, que le triangle est définitivement remplacé par une églantine rouge. 

Alors je vais pas vous faire un cours d’histoire, mais se souvenir que nos aînés ont luttés, il y a 130 ans,  pour travailler 48h maximum par semaine et qu’en ce moment,  nos patrons ont carte blanche pour nous en imposer 60 jusqu’à la fin de l’année, c’est plutôt cocasse…

Mais en plus, réaliser que l’histoire n’a pas retenu, l’églantine comme fleur du premier Mai, mais le muguet, c’est commencer à penser la complexité et peut-être appréhender la finesse des dominants…

En effet, je le précise pour les plus jeunes de nos auditeurs, le muguet n’est pas du tout un symbole de la lutte ouvrière.

Pour l’anecdote, c’est même le roi Charles IX qui avait pour traditio,  d'en offrir aux dames de la cour en guise de porte bonheur et Félix Mayol le célèbre interprète de : "Viens poupoule" aurait relancé la tradition en portant quelques brins de cette fleur à sa boutonnière.

Alors pour ceux qui ne connaissent pas ce chanteur… Objectivement,  vous ne perdez pas grand chose et à côtés de “viens poupoule” les chansons de notre playlist,  je vous l’assure, seront de la liqueur pour vos tympans

Mais l’heure n’est pas à la digression, historiquement toujours, le 24 Avril 1941, le maréchal Pétain instaure officiellement le 1er Mai comme la fête, non plus des travailleurs mais du travail !!!

Et l'églantine rouge, symbole du sang versé dans les luttes sociales est habilement remplacée sous l'occupation par le muguet qui nous invite plus à l'amour qu'à la révolution…

C’est pas de la domination en finesse, ça ? 

Dévoyer les symboles, c'est le propre des dominants et notre président, ne fait pas autre chose quand,  en fin de discours, il évoque les jours heureux.

L’objectif est simple faire disparaître l’association entre cette expression et le programme du conseil national de la résistance, qui stipulait que l’intérêt général doit toujours primer sur l’intérêt particulier. 

 Dans la novlangue “les jours heureux” sont réduit, à la possibilité retrouvée de consommer à nouveau sans entraves…

La technique est connue, on reprend des concepts séditieux, pour les appauvrir car on sait que limiter le langage, permet de limiter la pensée...

 Et pourtant se souvenir du CNR, en période de crise est décisif, et rappeler qu’il visait à limiter la domination de la finance qui avait sévi dans les années 30, provoquant l’accaparement des richesses par une minorité avec la complicité des banques et des élites; semble pertinent car toute ressemblance, avec ce que nous vivons actuellement, est bien évidemment fait exprès… 

Mais le plus terrible dans l’histoire, nous le savons, c'est que la domination conduit inexorablement à la banalité du mal, où une prétendue élite exploite, asservit voir élimine, des populations reconnues comme méprisables.

Bien évidemment loin de moi,  l'idée de comparer notre gouvernement ou la direction de nos hôpitaux ou celles de nos entreprises au régime de Vichy.

Mais les influences nazies du management moderne ont été brillamment mise en lumière par l’historien Johann Chapoutot, et il semble plus que jamais nécessaire de dénoncer les tendances totalitaires de nos dirigeants, qui semblent plus enclins à dominer, qu’à gouverner.

 L'honnêteté intellectuelle, doit donc nous obliger à dénoncer le néo-totalitarisme qui gangrène nos démocraties.

Et s’interroger, comme nous y invite Bruno Latour,  sur l’utilité « de prolonger cette façon de produire ? » qui fabrique de la dette et détruit la planète...

 Et le salut ne viendra pas de l’union européenne, qui vient de choisir Blackrock, comme conseiller environnement…

 Bref, une preuve supplémentaire, si c’était nécessaire, que capitalisme et écologie, sont définitivement pas des mots qui vont bien ensemble...

 Alors ne nous laissons pas duper, les dominants ne sont pas disposés à changer et le meilleur moye,  pour qu’ils arrêtent de nous raconter des histoires, c’est qu’on recommence à écrire la nôtre !!!

 Nous devons donc continuer la lutte pour imposer nos revendications, mais aussi nos utopies car nous avons besoin de poésie pour redonner du sens à nos vies.

Et pour terminer... plutôt que de citer René Char,  je vais m’autoriser à le paraphraser :

" L'impossible, nous ne l'atteignons pas, mais c’est la lanterne qui doit nous guider "

 Bonne fête des travailleurs et des travailleuses chers camarades !!!

 

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