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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
22 avril 2016

VOTRE FEUILLETON : Philaé : Chienne de vie à l'Elysée ( N° 4)

 

« Presque rien n’est stable, et voici, tout près, le gouffre infini du passé et de l’avenir où tout s’évanouit… »

(Marc Aurèle)

 

Mon sevrage a eu lieu le 20 décembre. Ma mère trois jours après, m'a rapporté que j'allais partir dans une autre famille, assez loin de chez nous.

- Tu auras de la chance. D'après ce que nous avons entendu de ci et un peu de là. Tu vas être adopté par des gens très importants sur un autre continent.

 Moi, j'étais déjà contente ici.L’air était frais. Les humains bons enfants, et la nature se humait alentours jamais trop loin, dans ses multiples senteurs.

 Le jour venu du partir, les choses furent vite réglées avec mes parents. Maman, manifesta un encouragement, et deux coups de langues.

 Papa, lui s'en tapait déjà... j'étais à peu près propre, sevrée « Alors vit ta vie de chienne, la mienne suffit à m’occuper »

 La veille du départ, j'ai eu par la bande (celle de mes parents et amis) plus de précision sur ma prochaine affectation.

 Ma destination allait être Paris. J'étais dame fortune, l'objet d'un beau présent... à qui déjà maman ?

- Au président de la France, un certain François Hollande...

Ils viendront te chercher demain, le 24 décembre 2014. Aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, voyage jusqu'au bout de la nuit, et arrivée à Roissy.

WIKI Aéroport_Montréal-Trudeau_2010

Putain, qu'est-ce qui m'ont mis dans ma dernière pâtée canadienne ? Il y a de la chimie dans ma bouillie de rennes haricots-purée.

Maman, insiste pourtant pour que je finisse à pousse-larigot mon écuelle.

- Tu dois prendre des forces, petite, c'est un long périple qui t'attend.

Ensuite, tout c'est subitement accéléré.

Ils sont vite venus me chercher avec une grosse berline.

Je ne me souviens plus des adieux à ma famille, mais d'une étrange sensation de vide, puis de l'odeur du cuir rouge de la Chrysler et d'un envahissant et pâteux brouillard devant mes yeux que je peinais plus que tout à maintenir quelque peu ouverts.

Je suis vaseuse, étourdie dans un avion depuis un sacré moment. Passagère n°25787, exceptionnellement exemptée de soute sur la compagnie Air France, je suis accompagné d'un diplomate à lunettes, grand et sec comme un nerf de boeuf.

Malgré ma cage ouatée et confortable, moi… l'à toute de suite, j'ai... j'ai... la tête qui éclate.

Je voudrais seulement dormir, m'étendre sur l'asphalte, et me laisser mourir... pour échapper à cette subite attaque des prions de mon cerveau, identifiée comme une crise aigüe « de Plamondon », d'après la très sérieuse revue: Annals of Internal Medicine, comme je l'apprendrais beaucoup plus tard.

Le vol ? Rien vu, rien senti. Mes oreilles bourdonnent depuis des heures.

Puis le bruit de fond, enfin cesse.

Penchée à ma hauteur, une étrange bestiole humaine aux dents ultra-blanches et aux yeux cerclés d'écailles noires, me regarde fixement.

-  ho, le chien, on est arrivé, il faut se réveiller !

Tu en as de bonne, toi le coursier diplômé, personne ne t'as empoisonné. T'as sûrement soupé : caviar/Champagne, au frais du Gay d'Orsay, classe affaire les pieds relevés !

 

WIKI AEROPORT CH DE GAULE

Alors pas de familiarité, garde avec moi, les manières policées de ta Chancellerie, et moi jeune Québécoise qui doit encore apprendre les usages du monde et ceux de la diplomatie, droit dans les yeux, je te dis « va don' chier! ».

 

( la suite, certainement : vendredi prochain à 8h O5 GMT)

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