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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
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BELLEVAUX, L'ANARCHIE DANS LA SOUPE
27 mai 2016

CHIENNE DE VIE A L'ELYSEE ( votre grand feuilleton hebdo post-présidentielle... N° 9)

 

 

« Presque rien n’est stable, et voici, tout près, le gouffre infini du passé et de l’avenir où tout s’évanouit… »

(Marc Aurèle)

 

A mon réveil, j'y vois beaucoup mieux en ce palais.

Je pointe ma truffe mouillée par dessus le panier. Bon dieu, sacré nom... c’est l’Olympe ici autour !

1280px-Salle_des_fetes_elysee_2

- Alors la princesse, t’as enfin ouvert les yeux ?

Pour cause de tutoiement et de familiarité non autorisée, je me retiens de montrer à mon gardien aucune manifestation quelconque de compréhension, pour répondre à cette banalité de foire à la saucisse.

C’est vrai çà, on n’a pas élevé ensemble des cochons daubés en Bretagne, sur caillebotis intégral !

 

  Arrête de ramer, t’attaques la falaise :

Jean-Benoit, me tire. Il commence a me dire, de sa voix de foutriquet :

- Allez Médor, on va sortir et revenir par la grande entrée,le portail d’honneur. Ensuite tu pourras tout voir, tout visiter, sauf les appartements privés...

Par ici, la sortie dans l’ancien hôtel d’Evreux, mais ce n’est pas pour tout de suite. On se croirait même parfois dans un jeu de labyrinthe.

WIKI ENTREE ELYSEE

- Oui, bonjour Monsieur Houard, je suis avec Jean-Benoit… oui, oui...le fils de H… qui vous savez. Voilà, il veut sortir avec Philaé, et re-rentrer à la suite… Oui, il doit parait-il, lui faire visiter l’Elysée… à la chienne !

Jean-Benoit, et moi, nous sommes bloqués devant deux barrières. L’officier revient...

- Bien, bien… Jean-Benoit, vous ne pouvez pas sortir comme cela avec cet animal qui a un destin particulier. Vous comprenez au moins, oui ou non ?

La tête de mon guide exprime un tel désarroi benêt, que le gradé de porte un instant surpris, enchaine :

- Enfin bon, on prendra sans doute le temps de vous expliquer bientôt cela de manière plus appuyée…

- Bon, alors on fait quoi, nous maintenant ?

L’autre, énervé devant tant de désinvolture dans la crétinerie, balance véhémentement à Jean-Benoit :

- Ben grand nigaud, ta visite avec Philaé, c’est par là, demi-tour et tu n’iras encore pas trouver le moyen de te paumer en route…

- Au revoir, m’ssieu, ne trouve pas mieux à dire, Jean-Benoit, pour mettre fin à cet échange difficile.

Je suis bien loti, moi ici, cornaqué par une enflure.

Nous traversons la cour d’honneur. Elle est immense et pas un seul brin d’herbe pour pourvoir y lever la patte.

WIKI Cour_de_l'Elysée_3


Face à nous, le palais. Il y a un peu de vent cet après midi. Les drapeaux flottent en se mélangeant.

Entre quatre immenses colonnes, deux garçons de vestibule nous ouvre en simultané, les deux battants des portes vitrées.

Au centre, un homme décoré à l’excès sur la partie droite de son buste gonflé, d’une fourragère dorée et de médaillons. Il nous toise d’un regard qui ne peut être qu’officiel.

Il a comment dire, une telle rectitude dans sa tenue, qu’un esprit humain tordu et graveleux, imaginerait volontiers, qu’il est encombré d’un manche à balais sous sa tenue au mauvais endroit.

C’est peut être une idée que je me fais, mais ce gradé de la conciergerie, nous salue comme si c’était moi l’important.

- Ben ici, c’est le salon d’accueil de ce palais. C’est aussi le passage vers les grands salons sur jardin… Bon tu viens, oui ?

Bon, je peux regarder un peu.

Je suis persuadé que ce dégourdi, n’a jamais vraiment arrêté son regard, sur ces immenses lustres en cristaux de bohème, qui comme des arbres renversés tiennent mon émerveillement suspendu à leurs multiples reflets.

A-t’il aussi seulement pris, ce gamin, la mesure de la beauté des immenses tapisseries des Gobelins, des pendules dorées, de tout ce savoir faire transmis dans l’art de magnifier les choses de telle sorte quand permanence, toujours elles nous saisiront au coeur d’admiration…

- Là, tu vois, c’est le salon Napoléon III. C’est grand !

 

800px-Lustre_salon_napoleon_III_elysee

Oua…hoù, le commentaire !

Visiblement le Jean-Benoit il n’a pas fait histoire de l’art, ni même envisagé de loin une entrée aux beaux arts.

A n’en pas douter sa culture minimale a du se faire passivement et massivement avec Hanouna ou devant les chaines de la TNT pour s’étendre ensuite et se partager comme du lisier sur les réseaux sociaux.

Pieds_dans_le_plat_hanouna_3

Sur ces nouveaux champs de l’inculture crasse, ce n’est pas être chien que de dire qu’il y prolifèrent aussi et en majorité : les lieux communs, le rire gras, ainsi que toutes les gaillardises de salle de garde ou de bistrots.

Triste histoire où souvent les hommes, comme un exutoire à leurs déserts, aiment ensemble à faire vidange commune…

La pièce que nous traversons, me surprend par sa grandeur, avec l’impression de marcher comme sur un épais tableau de velours agrémenté de rouge.

Les tentures de la même couleur amarante et amplement ondulées ont la perfection chaude et rassurante de leurs plis.

En les enveloppant, elles magnifient la hauteur et la parfaite symétrie des colonnes sertis d’or fin dans la majesté de leurs contours.

J’épuise l’instant en m’emplissant de tant de beautés. C’est un régal. L’autre étroit du bocal semblant croire qu’il travaille à Dysneyland, tire encore sur ma laisse comme un vrai malade.

- Là, regarde c’est le jardin d’hiver…

Non mais c’est tout juste pas pensable, de découvrir cette merveille d’architecture avec un pareil agité.

De toute ma jeune énergie disponible, toutes griffes dehors, je bloque mon train arrière.

Deux dames en tailleur noir et chemisier blanc, passent devant nous, tout en époussetant une imaginaire poussière.

Tant pis… il me trainera sur les tapis, à m’en serrer le cou, mais bon dieu, la verrière au dessus de nos têtes… Il faut être fou, voir légèrement con pour ne pas lui accorder quelques moments d’admiration.

Je cède. J’étouffe. Des morceaux de fils rouges se sont accrochés aux griffes de mes pattes.

Jean Benoit, m’entraine maintenant dans la salle des fêtes, sans faire le moindre commentaire.

Les immenses porte-fenêtres, les majestueux lustres, les fabuleuses tapisseries dans le décor, toute cette partie rassemblée de l’histoire de l’art de la France, visiblement il s’en tape encore, mon jeune guide.

Il lui revient la parole, pour m’annoncer le salon Murat où se discute chaque mercredi la destinée stressée de la France.

 

Salon_Murat_du_palais_de_l'Élysée

 Ensuite, il me  me laisse pas plus d’une minute devant la pendule des trois horloges, et nous voilà parvenu, dans le salon des ambassadeurs.

Tiré vers une autre pièce, Jean Benoit m’annonce le Salon des aides de camps. 

 -  Ici, ici... c'est ? merde, là je sais plus Philaé! Toute façon, t’es comme moi, hein ? t’en a rien à battre, si ici, c’est le salon des Ambassadeurs, le salon vert ou celui d’la Pompadour. De toute façon, toi tu reconnaitra tout çà au pif, à l’odeur.

Que répondre au raccourci intellectuel de ce « coquebert ». Depuis le début de notre rencontre, il déconne ?

Sans la parole rien, mais j’en pense pas moins et moi l’histoire des peuples, des simples gens, des lieux et des mots, elle me passionne.

Nous traversons un nouveau salon, toujours plus élégant où en haut duquel s’aligne divers portraits en peintures.

De la part de Jean-Benoit plus aucun commentaire.

Moi, j’ai l’intuition qu’il n’a pas retenu ses leçons. Je le sens paumé.

Nous marchons assez vite depuis le début de cette visite. La tension faite par cette andouille sur ma laisse, me laisse clairement penser qu’il veut terminer cette tâche au pas de course.

Devant nous un grand escalier recouvert de velours rouge, dont les balustres d’or alignés représentent des immenses plumes légèrement courbées.

Au milieu de la troisième marche, Jean Benoit, murmure :

- Ah oui, l’escalier Murat, là-haut le salon des huissiers... 

Arrivés à leurs hauteurs, l’un deux assis derrière un bureau de musée s’adresse à nous :

- Ah Jean-Benoit, vous tombez bien. Madame Hatt, veut vous voir immédiatement.

Devant la mine ahurie de mon compagnon, sans plus attendre, il ajoute :

- Sophie, la chef sécurité de la présidence ! Vous la connaissez au moins ?

 

( la suite, ben vendredi prochain)

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